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Gaute Larsen, ancien coach d'Erling Haaland (Dortmund) : « Son mental est son plus grand talent »

Gaute Larsen, l'entraîneur qui a lancé Erling Haaland à l'âge de 15 ans, décortique son adaptation au monde pro.

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Le soleil matinal donne un blanc un peu plus éclatant à la neige amassée sur les collines de la banlieue ouest d'Oslo. Skis à la main, des enfants montent dans un car scolaire comme on partirait en France pour la piscine municipale. À quelques pas de là, sur un terrain d'entraînement, des U13 s'exercent aux frappes de loin. C'est dans les installations du club de Stabæk (D1 norvégienne) que nous reçoit Gaute Larsen, le directeur du développement. Le technicien, qui a lancé en pro Erling Haaland avec Bryne (D2), au printemps 2016, raconte son apprentissage du haut niveau.

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« Comment avez-vous croisé la route d'Erling Haaland ?
En arrivant à Bryne comme entraîneur à la fin de l'été 2012, j'ai été averti qu'il y avait un grand talent, alors âgé de 12 ans, qui marquait un tas de buts. Il était surclassé d'un an, plus petit que les autres et impressionnait par ses déplacements. En 2014, il a participé à l'Audi Cup, à Stabæk. On jouait à l'extérieur avec les seniors, à Strømmen (à 30 km à l'est d'Oslo). Après le match, j'ai sauté dans le train pour voir la finale. Il a fini meilleur buteur du tournoi (6 buts en 5 matches).

« Il m'a enlacé et c'est comme s'il m'avait broyé »

Gaute Larsen au sujet d'Erling Haaland

Quand l'avez-vous lancé en équipe première ?
Le 12 mai 2016 à Ranheim (0-1). L'OBOS-Ligaen (D2), c'est une division dure et expérimentée, avec 26 ans de moyenne d'âge. Mais Erling n'était pas effrayé pour un sou. À cet âge (15 ans), vous pouvez souvent vous dire : c'est trop pour moi, et rester passif. Mais lui attaque chaque nouvelle situation comme une opportunité de réussir. Son mental est son plus grand talent.

Que lui avez-vous dit avant ses débuts en pro ?
"Amuse-toi". On ne lui a mis aucune pression. En tant qu'entraîneur, on a une responsabilité. On ne lance pas un jeune s'il n'est pas prêt. En seniors, les matches sont importants, alors que dans un centre de formation, les résultats ne le sont pas autant. Très tôt dans sa carrière, Erling a ressenti cette urgence de la compétition.

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Il empilait les buts en U15 ou en réserve (18 en 14 matches) mais il n'a jamais marqué en D2...
Il a joué une quinzaine de matches avec nous. C'était très difficile de se créer des occasions. Il avait peu d'espaces et subissait un gros impact physique. Mais il a engrangé de l'expérience. Il en avait besoin pour voir où le niveau se situait. Ça le rendait irritable de ne pas marquer. Il a travaillé encore plus dur. Et en janvier 2017, il s'est engagé avec Molde (D1).

« Beaucoup de scouts venaient le voir jouer déjà quand il évoluait en équipe de Norvège des moins de 15 ans »

Où il a beaucoup grandi !
Il a connu des problèmes de croissance (il a pris notamment 12 cm l'année de ses seize ans et souffrait de douleurs aux talons). Il faut savoir ralentir la cadence, réduire le rythme des entraînements. Quand il est venu jouer avec Molde à Stabaek, en 2017, il a couru vers moi pour me saluer. Avec ses bras immenses, il m'a enlacé et c'est comme s'il m'avait broyé.

Bryne était-il devenu trop petit pour lui ?
C'était le bon moment de partir. Il faut aller là où les bons joueurs sont. À Bryne, avec un talent comme ça, on s'est concentrés sur lui, pour le faire monter petit à petit et lui faire atteindre le meilleur niveau possible. Il faut être dans une culture de l'entraînement, du développement. 15 ans, ce n'est pas la norme pour évoluer en pro !

Comment jugez-vous ses choix de carrière ?
Beaucoup de scouts venaient le voir jouer déjà quand il évoluait en équipe de Norvège des moins de 15 ans. Il aurait pu partir à Hoffenheim (Allemagne), à Copenhague (Danemark). De nombreux clubs s'intéressaient à lui. Il a choisi Molde, où entraînait Ole Gunnar Solskjaer, un ami de son père (Alf-Inge). C'était la bonne étape avant de tenter le coup à l'étranger. L'idée est de ne jamais faire un trop grand pas. Ensuite, plutôt que la Juventus, il a opté pour Salzbourg (Autriche, janvier 2019). Les gens qui l'entourent (son père, son agent Mino Raiola...) ont bien décidé pour lui aussi cet hiver. En Premier League (Manchester United était très intéressé), il aurait connu beaucoup de matches, dans un contexte difficile. Il a besoin d'avoir des semaines d'entraînement complètes. La pause hivernale lui a fait du bien (la Bundesliga n'a repris que le 17 janvier). Il a pu se reposer, se retaper. Et après Dortmund, qui sait où il signera un jour ? »

Favre : «Haaland a une grosse marge de progression»

publié le 17 février 2020 à 08h00 mis à jour le 17 février 2020 à 16h13
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