Estelle Cascarino, Selma Bacha, Maëlle Lakrar, Chiamaka Nnadozie : ces derniers jours, beaucoup de footballeuses des clubs de Première Division se sont prêtées au jeu du #StayHomeChallenge. Nouvelle tendance sur les réseaux sociaux depuis le début du confinement, en raison de l'épidémie de coronavirus, celui-ci consiste à jongler avec un rouleau de papier toilette.
Un moyen de faire passer le temps, puisque les footballeuses sont elles aussi confinées à leur domicile. Depuis le 16 mars, voire avant, toutes les activités des clubs français ont été suspendues. Une situation inédite qui bouleverse le quotidien des joueuses.
Libérées par leur club, certaines ont fait le choix de rentrer auprès de leurs proches. Charlotte Lorgeré, défenseuse centrale du FC Metz a décidé de partir dans le Sud. « J'ai fait le bon choix car j'aurais très mal vécu le confinement seule chez moi », raconte-t-elle. Plusieurs internationales évoluant dans le Championnat de France sont aussi retournées dans leur pays, comme l'attaquante danoise du Paris-Saint Germain Nadia Nadim.
Le Championnat suspendu jusqu'à nouvel ordre, les joueuses doivent se maintenir en forme, malgré les circonstances. Tous les clubs ont donc fait parvenir des programmes d'entraînement individuels à leurs joueuses pour les deux prochaines semaines au minimum. « Je ne vais pas vous mentir et vous dire que c'est facile, explique Jessica Silva, la directrice technique du FC Metz, lanterne rouge. Mais au moins, cette situation nous permet de sortir de notre zone de confort et responsabilise les joueuses », positive-t-elle.
Faire avec les moyens du bord
Ces derniers jours beaucoup de footballeuses ont partagé leur quotidien avec leurs abonnés sur les réseaux sociaux. Dans leur jardin, sur leur terrasse, ou dans leur salon, on les voit répéter les exercices de musculation ou jouer au ballon. « Oui j'ai peur de perdre en condition physique », reconnaît Bénédicte Simon, défenseuse au Stade de Reims. Avant d'ajouter : « Mais toutes les équipes seront dans le même cas. »
Le Championnat reprendra certes en même temps pour toutes les formations, mais les écarts de budget entre les clubs laissent entrevoir des différences dans la facilité à se maintenir en forme. Les championnes de France de l'Olympique Lyonnais disposent chacune d'un paquetage à disposition fourni par le club rhodanien. Dans une vidéo publiée mardi sur ses réseaux sociaux, on voit Eugénie Le Sommer enchaîner les ateliers dans son jardin, suivis d'une séance sur un vélo stationnaire. Au programme le lendemain pour l'attaquante de l'OL : tennis ballon avec son fiancé.
« Le club nous a prêté du petit matériel mais c'était à qui voulait le prendre car il n'y en avait pas assez pour tout le monde »
Au même moment, Agathe Fauvel gardienne à l'En Avant Guingamp, explique qu'elle garde la forme comme elle le peut. « Le club nous a prêté du petit matériel (élastiques, rouleaux) mais c'était à qui voulait le prendre car il n'y en avait pas assez pour tout le monde. Après on fait avec ce qu'on a chez nous. » La portière du FC Fleury 91, Laëtitia Philippe se dit chanceuse d'avoir son propre matériel, mais reconnaît « qu'il faut faire preuve d'imagination pour limiter les pertes cardio-musculaires ».
Le reste de la journée l'internationale française (4 sélections) s'occupe : « J'en profite pour lire, regarder des séries, tester des recettes de cuisine healthy ou encore me remettre à apprendre l'anglais. » La situation ne lui pèse pas. Un avis que partage Hawa Cissoko. La défenseuse centrale de l'ASJ Soyaux appelle régulièrement ses coéquipières pour maintenir le lien.
Pour faire vivre le groupe, le préparateur physique de l'OL expliquait le 18 mars sur le site du club proposer des challenges aux joueuses. À Guingamp, un questionnaire sera prochainement distribué afin de savoir comment les joueuses vivent moralement la situation. Les joueuses du FC Metz rendent, elles, un rapport quotidien à Jessica Silva, la directrice technique.
À Metz, c'est le flou. « Pour les salaires nous n'avons aucune info. On verra début avril lors de la prochaine paie », raconte Charlotte Lorgeré. D'après nos informations, le club a commencé à discuter avec les responsables des joueuses afin de savoir comment et combien ils rémunéreraient les joueuses. Aucune décision n'a été prise à l'heure actuelle.
Les salaires sont pour l'instant maintenus à Fleury, en attendant l'évolution de la situation et les décisions prises par le gouvernement et la FFF. Même son de cloche à Reims. Les salaires restent les mêmes, seules les primes de match sautent. Une situation qui n'inquiète pas Bénédicte Simon, même si elle venait à s'étendre.
Du côté de l'Olympique de Marseille, de Dijon et de Guingamp, les joueuses n'ont reçu aucune information. Les discussions concernant les prolongations de contrats avaient débuté il y a quelques semaines au sein du club breton. Elles ont été suspendues dans l'attente de l'évolution de la crise sanitaire, qui bloque toutes les activités du club.