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« Leonardo (PSG), le stratège » au scanner dans un reportage de L'Équipe Enquête

Le documentaire « Leonardo, le stratège », diffusé lundi soir (21 h 05) sur la chaîne L'Équipe, analyse en détail le parcours et les traits de caractère du directeur sportif du PSG.

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« Leonardo est libre parce qu'il ne dépend de personne. » Michel Denisot, le président du Brésilien lorsqu'il jouait au PSG (1996-1997), lâche ces mots dans Leonardo, le stratège, le documentaire diffusé ce lundi soir (21 h 05) dans le cadre de l'émission L'Équipe Enquête sur la chaîne L'Équipe. Ils ont pourtant été prononcés bien avant la sortie très remarquée du directeur sportif du PSG dans le Canal Football Club, il y a huit jours, dans la foulée de la rencontre PSG-Lyon (4-2). Le dirigeant y a effectivement affiché une totale liberté, choisissant le moment de son intervention, la forme - sans débat possible - et le fond en ciblant la « négativité » médiatique autour de son équipe à quelques jours du huitième de finale de Ligue des champions face à Dortmund. « Il prend la main sur la soirée de Canal+, il n'y a plus d'animateur, plus de contradicteur, c'est Leonardo au centre du jeu », résume Sébastien Tarrago, auteur du documentaire avec Fabien Touati.

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Malgré le charme apparent du personnage, les duettistes de L'Équipe Enquête ont pourtant hésité avant de brosser le portrait de l'homme fort du PSG depuis son retour aux commandes du côté sportif, l'été dernier, après un premier passage au club de 2011 à 2013. « Quand on réfléchit à un sujet, on se demande toujours si les costume-cravate vont intéresser les gens, confie Sébastien Tarrago. Cela a rarement généré un fort intérêt auprès des téléspectateurs, y compris lorsqu'il s'agissait de Michel Platini. » Les deux journalistes ont pourtant fini par se lancer, séduit comme d'autres par un autre show médiatique de « Leo » face à une nuée de caméras, à l'issue de Metz-PSG (0-2), le 30 août. À la fois direct et charmeur, il avait repris la main sur le dossier brûlant de l'été, actant le non-transfert de Neymar à Barcelone. Le tout ponctué de sourires ravageurs et de pouces levés, comme à l'accoutumée.

Une visite du quartier de son enfance avec son frère Junior

Mais pour comprendre Leonardo, le film nous emmène d'abord au Brésil. Éric Frosio, correspondant au Brésil, a notamment convaincu son grand frère Junior de parler, pour la première fois, face à la caméra. Ce dernier fait notamment la visite du quartier de leur enfance à Rio et raconte le jour où Leonardo a appris sa première sélection avec l'équipe pro du Flamengo, la veille de ses 18 ans, en septembre 1987. Issu d'une famille de classe moyenne, le jeune Leonardo bénéficie d'une riche éducation et parle déjà très bien anglais à l'adolescence. Ses anciens coéquipiers se succèdent pour raconter l'enfant du Rio Cricket, le country club britannique où il a débuté, puis pour décrypter le professionnel du Flamengo, du PSG, du Milan ou encore de la sélection brésilienne. « En sélection, il a toujours été notre sauveur, confie l'ancien attaquant de la Seleçao, Romario. À chaque fois que l'on voyageait et qu'on n'arrivait pas à communiquer, il était là pour nous représenter ou nous aider dans des situations délicates. »

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La seconde partie du documentaire nous plonge dans l'autre carrière de Leonardo, celle de dirigeant. L'agent de Colin Dagba, Patrick Glanz nous emmène notamment dans les coulisses de la renégociation de contrat de son joueur à l'automne dernier, durant laquelle le directeur sportif a notamment décrypté les photos publiées sur le compte Instagram du jeune Parisien... L'image, encore l'image. Dans l'analyse de celle du Brésilien, Michel Denisot et Samir Nasri brillent par leurs interventions. Elles ont d'autant plus de poids que l'ancien président du PSG et le joueur d'Anderlecht ont toujours gardé un lien avec le Brésilien. Une autre caractéristique de Leonardo, qui coupe rarement les ponts avec ses anciennes connaissances du foot. Voilà peut-être pourquoi les critiques incisives ne sont pas légion dans le film, y compris sur les deux coups de sang qu'il a pu avoir sur le terrain : un célèbre coup de coude avec le Brésil au Mondial 1994, et un coup d'épaule asséné à un arbitre dans les travées du Parc des Princes, après le PSG-Valenciennes (1-1) de 2013. « Même les gens qu'il a pu décevoir à un moment ou un autre en pensent globalement plutôt du bien, confirme Sébastien Tarrago. Après, il a le carnet de chèques, peut-être que les langues ne se délient pas complètement à cause de cela. »

« Leo, de toute façon, fera tout en fonction de lui et pour lui [...] Il est 100 % PSG, 100 % Pour Sa petite Gueule »

Jean-Michel Moutier, ancien directeur sportif du PSG

Sauf celle de Jean-Michel Moutier. L'ancien directeur sportif du PSG (1991-1998) enchaîne les missiles : « Leo, de toute façon, fera tout en fonction de lui et pour lui [...] Il est 100 % PSG, 100 % Pour Sa petite Gueule. » « Moutier considère que Leonardo s'est servi de lui pour arriver au PSG comme directeur sportif en 2011 et qu'il l'a ensuite trahi, explique Tarrago. À partir du moment où il a eu le poste, Moutier n'existait plus. Comme il l'a fait avec l'agent Franck Henouda qui était, pour le coup, au coeur de son arrivée puisqu'il avait glissé son nom aux Qatariens. » D'autres ont préféré garder le silence, à l'image de ses entraîneurs Antoine Kombouaré et Carlo Ancelotti, lors de son premier passage à la direction sportive du PSG, ou de Thiago Motta, qui a quitté Paris après le retour du Brésilien, l'été dernier.

L'Équipe Enquête a enfin essuyé un refus de Leonardo lui-même, à la suite de la proposition habituelle de visionner et de réagir dans la foulée du film. « Il ne fait rien sur lui-même depuis qu'il est revenu, c'est une volonté stratégique, précise Sébastien Tarrago. Mais il m'a rappelé pour me dire qu'il ne voulait pas qu'on parle de sa vie privée. Il avait appris qu'on avait tourné avec son frère, ça le chagrinait un tout petit peu. Mais il était très poli, expliquant qu'on pouvait faire ce qu'on voulait. » Lors de son passage au Brésil, à l'occasion des fêtes de fin d'année, il n'est pas apparu en public et Éric Frosio a une nouvelle fois dû renoncer à décrocher un entretien, tout comme ses confrères brésiliens. « Je suis installé ici depuis dix ans et je le sollicite à chaque fois, reconnaît le correspondant. Quand il est de passage, il se trouve qu'on fréquente le même coin de plage d'Ipanema, à Rio. Lorsque je lui demande une interview, il me donne une tape amicale dans le dos, me fait un grand sourire et me répond à chaque fois la même chose : "Une interview ? Oui, un jour, peut-être"... Mais je ne l'obtiens jamais... »

publié le 16 février 2020 à 19h30 mis à jour le 17 février 2020 à 10h47
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