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Carlos «ocelote» Rodriguez, fondateur du club G2 Espots : «C'est un phénomène générationnel»

Carlos «ocelote» Rodriguez, fondateur du club G2 Esports. (M. Konkol)
Carlos «ocelote» Rodriguez, fondateur du club G2 Esports. (M. Konkol)

Carlos « ocelote » Rodriguez, fondateur du club G2 Esports qui représentera l'Europe en finale des Mondiaux face aux Chinois de FunPlus Phoenix, tente d'expliquer la passion croissante à travers le monde pour l'esport.

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Quand les Européens de G2 Esports ont battu les Sud-Coréens de SKT T1, se qualifiant ainsi pour la finale des Mondiaux de League of Legends, dimanche dernier, le Palacio Vistalegre de Madrid et sa dizaine de milliers de spectateurs ont implosé. D'une joie folle, brute, soudaine, provoquée par cette performance immense, SKT ayant remporté trois fois les « Worlds » en huit éditions.

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Les contempteurs de l'esport ont tendance à déshumaniser la discipline. À croire parfois dur comme fer que les joueurs et tout ce qui les entoure sont virtuels. « Qu'est-ce qui pousse des gens à en regarder d'autres jouer à des jeux vidéo ? Quel est l'intérêt ? » Ils seront pourtant des milliers à Bercy, des millions à travers le monde, à suivre la finale des Mondiaux de League of Legends entre G2 Esports et les Chinois de FunPlus Phoenix, dimanche.

En réalité, il est impossible de répondre à ces questions autrement qu'en comparant la démarche de regarder un match de League of Legends ou de Counter-Strike à celle qui nous pousse à nous planter, même un dimanche après-midi ensoleillé, devant un match de football, de tennis ou de rugby. Parce qu'elles sont strictement identiques.

« Depuis toujours, on veut savoir qui est le meilleur dans son domaine, lance Carlos "ocelote" Rodriguez, fondateur de G2 Esports. C'est pour cela que les gens regardent de la boxe, du football... Tous les exemples sont bons. Vous voulez savoir qui est le numéro 1 dans le monde compétitif que vous appréciez. Le plus fort. Le plus rapide. Et que ça vous plaise ou non, les nouvelles générations passent de plus en plus de temps sur YouTube, sur Twitch, y regardent des gens jouer aux jeux vidéo pour les mêmes raisons. C'est un phénomène générationnel et il ne va cesser de prendre de l'ampleur. »

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Pas facile à admettre pour celui qui a du mal à considérer l'esport comme une discipline sportive mais les émotions qui peuvent nous animer devant un match sont, elles aussi, similaires en tout point. Le stress d'une rencontre indécise, la montée d'adrénaline devant une action brillante, la déception d'une défaite, la joie d'une victoire...

«Cela fait dix ans que je joue à ce jeu. Je le connais par coeur. Et il ne m'ennuie toujours pas. De la même façon qu'on ne s'ennuie pas au football»

« Si je regarde une partie de League of Legends, c'est pour tout cela, assène Rodriguez, ancien joueur professionnel de World of Warcraft puis de League of Legends lui-même. Cela fait dix ans que je joue à ce jeu. Je le connais par coeur. Et il ne m'ennuie toujours pas. De la même façon qu'on ne s'ennuie pas au football. J'apprends toujours du jeu. Et plus on découvre de choses, plus on le comprend, plus il nous rend enthousiaste. »

Cette saison, Carlos Rodriguez a créé un gimmick autour de son équipe League of Legends inspiré d'une phrase commune sur les jeux en ligne, prononcée à chaque début de match : « Good luck, have fun », « Bonne chance, amusez-vous ». « Je veux des joueurs qui prennent du plaisir quand ils jouent, parce que c'est comme ça qu'ils en donneront à ceux qui les regardent », dit-il. Il a été exaucé. Tout au long de l'année, G2 a développé, en s'appuyant sur des individualités exceptionnelles, un League of Legends agressif et plaisant à regarder. Les résultats ont suivi.

Peu importe le sport, les équipes qui proposent un jeu léché sont plus valorisées que celles qui le ferment. Dans l'esport et sur League of Legends en particulier, c'est la même chose. « Les émotions sont plus importantes que les victoires en soi, assure Carlos "ocelote" Rodriguez. Pour moi, G2 Esports est une entreprise de divertissement, un média, en plus d'être un club qui se doit d'avoir des résultats. S'amuser fait partie de notre ADN. »

Au fil de l'année et de ces Mondiaux, G2 Esports comme FunPlus Phoenix ont développé un jeu excitant et offensif, chacun dans leur style. Débridé du côté des Chinois, plus maîtrisé pour les Européens, en passe de remporter tous les tournois de la saison et de réaliser un Grand Chelem inédit.

Dimanche, dans une AccorHotel Arena plein à craquer, ce sont dix immenses talents qui s'affronteront en finale du plus gros rendez-vous du monde de l'esport pour conclure plus d'un mois de compétition.

publié le 8 novembre 2019 à 00h25 mis à jour le 8 novembre 2019 à 10h30
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