Le troisième et dernier Major de la saison 2022-2023 des Rocket League Championship Series démarre ce jeudi, à Boston (18 heures). Un tournoi intercontinental au parfum un peu étrange, puisque placé à moins d'un mois des Championnats du monde, à Düsseldorf. Une petite aberration du calendrier : si les Majors sont des rendez-vous importants du circuit, les Worlds en sont l'objectif n°1.
Les enjeux seront ainsi très différents d'une formation à l'autre sur la côte est des États-Unis. Certains doivent encore valider leurs billets pour l'Allemagne, quand d'autres, assurés de faire le voyage, voudront sans doute éviter de dépenser trop d'énergie. Du côté des Français par exemple, Vitality sort d'un segment de printemps parfait en Europe avec trois titres en trois tournois régionaux. L'équipe à l'abeille débarque au Major avec une grosse étiquette de favorite, mais elle devra gérer cette pression comme celle qui entoure son prodige Alexis « zen » Bernier (16 ans), qui n'a jamais disputé ce genre d'événement, pour arriver frais aux Mondiaux.
Vitality, un statut à confirmer
Elle peut considérer ce Major comme une répétition, en quelque sorte, avant les Worlds. « Si c'était l'un des deux premiers, je serais dégoûté de ne pas le gagner, confirmait Yanis « Alpha54 » Champenois, capitaine de Vitality, il y a quelques jours. Mais avec les Mondiaux dans un mois... Évidemment, si on gagne à Boston, je serai très heureux, mais l'important c'est de montrer un bon niveau de jeu. On ne peut pas dire que c'est de l'entraînement, mais tout le monde sait bien que le but c'est de gagner les Worlds. On est là pour prendre de l'expérience, à la place de zen je me verrais mal me dire que ma première LAN est directement ce Mondial. ».
Vitality débarque à Boston dans des circonstances très comparables à celles de BDS en 2022. Très fort en Europe, le club suisse à l'accent très français (deux joueurs et le coach sont Tricolores) avait attaqué le Major avant les Worlds comme grand favori... avant de chuter dès le premier tour. « Je sais dans quel piège ils peuvent tomber, confirme Théo « Mew » Ponzoni, le coach de BDS. C'est l'équipe à abattre, pour le monde entier. Comme nous il y a un an et nous avions mal géré ce statut. On avait dû bosser pour se relever de l'échec et arriver confiants aux Worlds (où ils avaient été sacrés). Je ne suis pas sûr que toutes les équipes soient capables de faire comme nous. Imaginons Vitality perdre au deuxième tour contre Team Liquid, puis une contre-performance en lower bracket et mentalement ils perdent l'ascendant qu'ils ont là. Il y aura des doutes sur leurs capacités en LAN, juste avant les Worlds... Ce Major peut redistribuer les cartes psychologiquement. »
BDS doit encore gagner sa place aux Mondiaux
L'équipe de BDS devrait être un autre acteur important de ce rendez-vous américain. Mais dans un costume très différent cette fois : pas dans le bon tempo lors des deux premiers tiers de la saison, sa formation s'est remise à l'endroit en procédant à une modification dans l'effectif et sort d'un bon printemps (deux troisièmes places et une finale). Pas encore assuré de pouvoir défendre son bien à Düsseldorf, le champion du monde en titre va devoir s'engager un peu plus qu'il y a un an. « Un tournoi va décider de notre place, glisse Mew. On a gros à jouer sur ce Major », qui déterminera aussi qui sera exempté de tour préliminaire aux Mondiaux. Peut-être l'enjeu n°1 à Boston, au-delà même du prestige d'un titre intercontinental.
Troisième équipe française, troisième enjeu différent avec la Karmine Corp. De loin le club le plus régulier de l'année sur Rocket League, vainqueur du deuxième Major et assuré de disputer le tour principal des Mondiaux, il débarque aux États-Unis - où son équipe est présente depuis une dizaine de jours déjà - pour retrouver son statut de n°1 mondial incontesté après un segment de printemps dominé par Vitality en Europe.
Mais on peut se demander si ce relâchement printanier n'est pas naturel voire calculé pour arriver frais, dans un pic de forme, aux Mondiaux... Pourrait-il se poursuivre à Boston ? En face, Vitality et BDS ont modifié leurs effectifs. Ils se devaient d'être performants pour montrer qu'il s'agissait de choix pertinents... et accessoirement se qualifier pour Düsseldorf.
« Je ne pense pas que la Karmine Corp soit endormie, il ne faut pas les sous-estimer mais nous, les équipes francophones, nous ne ferons pas cette erreur », ajoute d'ailleurs Mew. Pour qu'ils puissent rester dans leur bulle de préparation, les demandes d'interviews envoyées à la Karmine n'ont d'ailleurs pas abouti. Preuve, peut-être, que la KC accorde plus d'intérêt à ce Major qu'on pourrait le penser. Un gros piège à éviter, ou une rampe de lancement vers les Worlds ?