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Esport - League of Legends : Worlds 2019, un goût d'inachevé

La formation chinoise de FunPlus Phoenix a éteint Bercy, dimanche, en finale des Mondiaux de League of Legends. (Michal Konkol/Riot Games)
La formation chinoise de FunPlus Phoenix a éteint Bercy, dimanche, en finale des Mondiaux de League of Legends. (Michal Konkol/Riot Games)

Les Mondiaux 2019 de League of Legends se sont terminés dimanche par la victoire des Chinois de FunPlus Phoenix face aux Européens de G2 Esports en finale, à Paris. Un match à sens unique (3-0) qui laisse un goût d'inachevé à un événement majeur.

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Une gueule de bois instantanée. C'est à peu près l'effet qu'a provoqué la gifle infligée par les Chinois de FunPlus Phoenix aux Européens de G2 Esports, dimanche à l'AccorHotels Arena de Paris, en finale des Worlds 2019 de League of Legends (3-0). La conclusion d'une compétition intense et de grande qualité pendant plus d'un mois fut aussi décevante qu'elle était attendue.

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« Et un, et deux, et trois-zéro »

Parce que tous les ingrédients semblaient réunis pour toucher la perfection du doigt : deux équipes de très haut niveau, championnes de leurs régions respectives, la possibilité de voir G2 réaliser le Grand Chelem pour la première fois, la présence d'une formation européenne en finale à la maison devant l'un des publics les plus chauds de la discipline, une pointe d'arrogance de chaque côté... La rencontre n'avait pas débuté que les fans, bouillants, et la cérémonie d'ouverture, une prouesse technologique, plaçaient d'ailleurs la barre très haut.

Les joueurs de G2, juste après leur défaite en finale dimanche. (Michal Konkol/Riot Games)
Les joueurs de G2, juste après leur défaite en finale dimanche. (Michal Konkol/Riot Games)

Cependant, rapidement, la confiance des supporters européens en leur équipe - considérée par beaucoup comme favorite - s'est délitée. La première manche, tendue mais vouée à terminer entre les mains de FunPlus Phoenix, a permis aux spectateurs chinois, présents en nombre à Bercy, de se faire remarquer. Et on n'entendait plus les « et un, et deux, et trois-zéro » - le bon score, finalement - qui tombaient des tribunes quelques minutes plus tôt. Depuis le début de la compétition, FPX avait été sous-estimée. L'erreur a été reproduite dimanche et les Chinois ont dominé dans tous les compartiments du jeu.

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Une fois le troisième Nexus de G2 en morceaux, c'est un sentiment d'inachevé qui dominait. Comme si l'on avait raté la possibilité d'assister à un vrai grand moment d'esport : en dehors des vainqueurs, personne ne se satisfait d'une finale à sens unique. Mais aussi parce que dans les yeux européens, convaincus que c'était la bonne, il s'agit d'une deuxième désillusion, un an après la défaite de Fnatic contre Invictus Gaming sur le même score.

Les larmes de Perkz et d'ocelote

Cette impression était renforcée lors du tour d'honneur des joueurs de G2, les visages fermés. Luka « Perkz » Perkovic, probablement devenu cette année le plus grand joueur de League of Legends que l'Europe ait connu, ne pouvait contenir ses larmes. Le fondateur du club Carlos « ocelote » Rodriguez non plus, après avoir ponctué son interview sur scène de « f*ck » retentissants puis tenté de se reprendre : « C'est difficile, je suis très triste. Je suis fier de tous les fans qui sont venus ici, en ligne, les joueurs, le staff... Tout le monde a travaillé dur au cours de cette année incroyable. FPX a mieux joué, ils le méritent. Le vainqueur doit être la meilleure équipe. »

Sans aucun doute, G2 aurait pu mieux faire. Mais les Européens ont probablement moins bien abordé et géré l'événement que leurs adversaires, plus forts que prévu. Une marche ratée, un rendez-vous manqué qui ne se reproduira pas avant plusieurs années. Même si la saison prochaine, ils auront l'occasion de se venger sur les terres de leur bourreau, à Shanghai.

Surfer sur la bonne vague

D'un point de vue plus local, le bilan général de l'événement - qui aurait assurément souffert dans un Stade de France évoqué et réclamé mais sujet à la pluie et au froid - est pourtant bon. Grâce au public (une quinzaine de milliers de personnes) et à la cérémonie d'ouverture, aux chiffres d'O'Gaming, le diffuseur français, qui a attiré plus de 180 000 spectateurs de moyenne sur Twitch et 205 000 en pic (des chiffres évocateurs et un record personnel pulvérisé), aux efforts de la Ville de Paris pour démocratiser l'esport, ou à la couverture médiatique d'une discipline cette fois prise au sérieux.

On a enfin eu le sentiment que cette compétition était traitée comme un rendez-vous sportif majeur organisé sur le sol français. Ce qui, au-delà de l'éternel débat sémantique, était le cas. La discipline doit maintenant se servir de ces nouveaux projecteurs braqués sur elle pour continuer de grandir à tous les niveaux, structurel et humain. Parce qu'elle est encore loin d'avoir atteint sa pleine maturité.

publié le 13 novembre 2019 à 18h10
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