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Esport - League of Legends : de retour, Bora « Yellowstar » Kim doit refaire ses preuves

De coach à joueur chez LDLC OL, Bora « Yellowstar » Kim reprend du service en même temps que la LFL. (Evan Combe/@evancmb)
De coach à joueur chez LDLC OL, Bora « Yellowstar » Kim reprend du service en même temps que la LFL. (Evan Combe/@evancmb)

Quintuple champion d'Europe de League of Legends entre 2011 et 2016, directeur sportif puis coach depuis, le Tricolore Bora « Yellowstar » Kim fait son retour à la compétition ce mardi soir (20 heures) pour la reprise de la LFL, le championnat de France, sous les couleurs de LDLC OL.

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C'est la curiosité principale de la reprise du Championnat de France de League of Legends ce mardi soir (20 heures). Trois ans après avoir arrêté sa carrière pour rejoindre le PSG Esports en tant que directeur sportif, Bora « Yellowstar » Kim, figure française du jeu, cinq fois champion d'Europe avec Fnatic, finaliste de la première édition des Mondiaux avec aAa, reprend sur service avec LDLC OL. Coach de l'équipe pendant deux ans, connu pour son intelligence de jeu au poste de support, il évoque ce choix, son niveau, et ses ambitions.

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« Revenir, vous y pensiez depuis un moment ?
Tout à fait. Joueur professionnel c'est un métier prenant, chronophage. Pour y arriver il faut du talent, beaucoup de motivation et prendre du plaisir à jouer. J'ai commencé ma carrière très jeune, à 16 ans. J'ai presque 10 ans d'esport sur Warcraft 3 et League of Legends derrière moi. Je me suis rendu compte que j'avais besoin d'une pause. Pas forcément d'arrêter définitivement ma carrière. Avec mon passage aux États-Unis puis mon retour chez Fnatic en 2016, j'ai vécu une année difficile. J'ai un peu perdu cette envie de jouer, j'avais besoin de découvrir de nouvelles choses, de prendre du temps pour moi. Finalement ma pause aura duré trois ans mais je n'ai jamais quitté le milieu, j'ai toujours été proche du jeu.

On peut dire que vous avez fait un burn-out en 2016 ?
Oui on peut dire ça. Parce qu'on avait très peu de temps pour nous. Quand tu es dans une équipe qui gagne, c'est génial, ça te procure beaucoup de joie. Mais tu enchaînes les compétitions, les événements, et tu as très peu de temps pour voir ta famille, couper avec le jeu. Je n'ai aucun regret mais quatre, cinq, six années comme ça, c'est long, difficile. Et League of Legends évolue vite. De nouveaux joueurs arrivent, affamés, ils te poussent à te surpasser... C'est beaucoup de pression et un moment tu lâches prise.

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Comme le nombre de trophées de champion d'Europe remportés par Yellowstar avec Fnatic. Il est toujours le deuxième joueur le plus titré du LEC. Il a aussi atteint la finale des Mondiaux en 2011 et les demi-finales en 2013 et 2015.

Après six mois comme directeur esportif au PSG, vous aviez pourtant déjà failli revenir...
Oui, mais plus par obligation. On avait des objectifs de performance, j'ai essayé mais je manquais d'envie et j'avais trop de lacunes.

Qu'est-ce qui a changé alors ?
J'ai senti que c'était la période pour me relancer. Coach, c'est un rôle important mais difficile. J'ai beaucoup aimé l'expérience mais je me sentais limité. Quand le match est lancé, tu n'as plus aucun impact. C'est très frustrant, stressant. J'ai envie de retrouver cette adrénaline liée à la compétition et de pouvoir apporter quelque chose à mon équipe en temps réel. Même si je dois refaire mes preuves. C'est un challenge, d'autant plus que la donne a changé : aujourd'hui j'ai une vie de famille, je suis père...

Yellowstar a soulevé son dernier trophée européen en 2015, avec Fnatic. (Konkol Michal/Riot Games)
Yellowstar a soulevé son dernier trophée européen en 2015, avec Fnatic. (Konkol Michal/Riot Games)

Comment jugez-vous votre niveau actuel ?
C'est difficile à dire. On n'a pas encore eu de matches officiels. Les entraînements se passent correctement, mais les gens ne jouent pas à fond quand il n'y a pas d'enjeu. Après... Je suis encore loin du niveau que j'avais avant. Même si je suis quand même Master. Mais si je n'y croyais pas, je ne me serais pas lancé.

« Il y a de l'appréhension et un peu de méfiance, oui »

Bora « Yellowstar » Kim, joueur de LDLC OL

Ça a été compliqué de convaincre vos coéquipiers ?
Il y a de l'appréhension et un peu de méfiance, oui. Parce que je n'ai pas joué à ce niveau depuis longtemps. Ils ne remettent pas en cause mes connaissances mais ont des doutes sur mes mécaniques. Est-ce qu'il est au niveau ? Si non, combien de temps ça va prendre ? Mon aura est différente aussi. Il y a trois ans, ils auraient accepté les yeux fermés. Là, on a dû explorer différentes pistes. Beaucoup de gens ont refusé. Mais c'est normal ! Je suis redevenu un joueur lambda. Progressivement on se construit et je gagne en crédibilité en injectant mes connaissances. Maintenant je dois assurer individuellement.

Vous avez créé l'équipe ?
J'ai d'abord sélectionné un joueur, Kristian « Tynx » Ostergaard Hansen, parce qu'il est fort mécaniquement, il ose prendre des initiatives. C'est un profil que je recherchais. Puis j'en ai choisi un deuxième, Vincent « Véthéo » Berrié. Très jeune (17 ans), sans expérience, mais un talent pur, sérieux et avec un esprit de gagnant. Au début, le staff n'était pas très motivé pour le faire passer pro d'ailleurs. Il faisait partie de la Tony Parker Adequat Academy et de notre équipe B. La priorité, c'est son bac qu'il passe cette année. Mais j'ai poussé parce que j'estimais qu'il n'y avait pas mieux que lui sur le marché à son poste (mid). On a donc arrangé son emploi du temps pour qu'il puisse continuer de suivre ses cours et jouer avec nous. À trois, on a ensuite échangé pour décider qui intégrer à l'équipe (Brian « Bando » Ferrando et Joosep « Monk » Kivilaan).

Vous allez définir les plans de jeu également ?
Oui mais je sollicite tout le monde. Je pose des questions pour voir comment mes coéquipiers voient le jeu, le comprennent, je compare avec ma vision et j'essaye de trouver un juste milieu. Pour le moment on essaye de travailler sans coach. Je veux que tous les joueurs soient impliqués dans la stratégie de l'équipe.

Comment jugez-vous le niveau de la LFL ?
Forcément comme dans la plupart des compétitions il y a des disparités entre les équipes. Mais le niveau global est bon. Je pense même que le niveau LFL et des Ligues Nationales en général n'est pas si éloigné que ça de celui du bas de tableau LEC. D'ailleurs le LEC intègre beaucoup de rookies cette saison... Sur le papier, je pense que Vitality et Misfits sont les favoris en France. MCES et GamersOrigin ont de bonnes équipes également. Il ne faudra sous-estimer personne. Nous, on sera plus des outsiders que des favoris. Mais on peut surprendre.

Quelles sont vos ambitions personnelles ?
J'aime réussir dans ce que j'entreprends. Dans ma vie de famille mais aussi la compétition. Et puis j'ai horreur de perdre ! Je veux essayer de tout combiner, c'est une année test. La motivation est là, l'envie de gagner aussi. L'idéal serait de remporter la LFL. Certains fans espèrent me revoir en LEC... Je pourrais l'envisager si ça marche, mais je ne me projette pas encore ».

Yellowstar, un tweet record, l'OL et le LEC
Un tweet à 20 000 partages :

« Je ne pensais pas générer autant d'engouement. Ça m'a conforté dans l'idée que je devais reprendre, même si ça me met aussi beaucoup de pression. »

L'Olympique Lyonnais avec LDLC :


« C'est un gros plus pour nous alors qu'on s'installe à Lyon. Ils nous apportent beaucoup de soutien et de la crédibilité. »

Des offres pour coacher en LEC :


« J'ai eu des offres au cours de mes deux ans de coaching chez LDLC pour aller entraîner au niveau supérieur. Sans citer les noms, c'était des équipes du haut comme du bas de tableau. »
publié le 21 janvier 2020 à 19h00
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