Avec la victoire de Sam Bennett à Alicante lundi, la 3e étape de la Vuelta a échu à un sprinteur : une opportunité à ne pas laisser passer dans un grand Tour plutôt chiche en arrivées propices aux sprints massifs. Et pourtant, cette victoire a failli échapper aux purs spécialistes, par la grâce d'un énième rebondissement.
Ce Tour d'Espagne semble receler dans son parcours quelques pièges insoupçonnés qui alimentent un scénario à chaque fois inédit. Une flaque d'eau qui envoie rouler-bouler deux équipes samedi, un mur court mais intense qui éparpille les favoris dimanche. Et puis ce lundi, une côte de 3e catégorie, trois fois rien sur le papier, à plus de 40 km de l'arrivée, une friandise à peine notable en théorie qui a failli annihiler les chances des sprinteurs de se disputer la victoire.
Assoupi dans une étape qui semblait enfin destinée aux sprinteurs, le peloton tenait en laisse les trois échappés anonymes de la journée sous la férule de UAE Emirates, Bora-Hansgrohe et Deceuninck-Quick Step, afin de de favoriser leurs sprinteurs respectifs, Fernando Gaviria, Sam Bennett et Fabio Jakobsen. Le Puerto de Tibi s'est alors dressé sur la route : 6,7 km à 4,1 % de moyenne annoncés mais qui jouait aux montagnes russes. Et Jumbo-Visma a mis un coup d'accélérateur, doublé par une attaque de Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), qui a eu pour effet d'étirer le peloton jusqu'à faire décrocher les sprinteurs, surpris : Fernando Gaviria d'abord, puis Fabio Jakobsen, Maximilian Walscheid (Sunweb) et même Marc Sarreau (Groupama-FDJ) à la limite au passage du sommet. Tous réussirent à rentrer à l'exception du Colombien.
À Alicante, c'est surtout Sam Bennett, toujours protégé et jamais pris en défaut, qui s'est imposé devant Edward Theuns (Trek-Segafredo) et Luka Mezgec (Mitchelton-Scott) - très en forme en ce mois d'août - dans un sprint très serré derrière l'Irlandais. Fabio Jakobsen, finalement 7e et même devancé par son lanceur, n'a jamais réussi à trouver l'ouverture et termine loin de la tête.
Cyril Barthe (Euskadi-Murias), premier Français à la 8e place, devance Clément Venturini (10e) et Marc Sarreau (11e). Ce dernier a déraillé dans les 50 derniers mètres, alors qu'il était très bien placé et a dû renoncer à défendre sa chance jusqu'au bout - « Bennett était trop fort aujourd'hui, mais j'aurais pu faire podium je pense », déclarait-il au micro d'Eurosport après la ligne.
Le classement général n'a pas changé. Nicolas Roche demeure le leader de ce Tour d'Espagne. Seul Primoz Roglic, toujours 6e, a grappillé 1'' de bonification sur le parcours (+35'').