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Ronan Le Moal : « Il faut croire en l'immense potentiel du cyclisme »

Ronan Le Moal. (F. Destoc/PhotoPQR//MaxPPP)
Ronan Le Moal. (F. Destoc/PhotoPQR//MaxPPP)

Ronan Le Moal, ancien directeur général du Crédit Mutuel Arkéa, sponsor-titre de l'équipe de Warren Barguil et Nairo Quintana, livre une analyse optimiste sur l'avenir économique du cyclisme.

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« Le cyclisme est-il aujourd'hui un investissement porteur ?

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Sans aucun doute. Toutes les grandes courses, le Tour en tête, offrent des retours extraordinaires en termes de visibilité. En revanche, il ne faut pas se contenter du budget mis sur la table : il faut dégager des moyens humains et financiers pour "activer" ce sponsoring, le faire rayonner. Un partenaire doit réussir à capitaliser sur la chaleur de ce sport. Le cyclisme, au travers des valeurs qu'il véhicule - le courage, l'abnégation, l'humilité -, donne une coloration incroyable à la marque.

Comment expliquez-vous alors que les partenaires ne se bousculent pas ?

Je crois que l'on ne réalise pas suffisamment l'ampleur des retombées potentielles qu'offre le vélo. On se laisse influencer par des croyances plutôt que par des études, dont les résultats peuvent être très surprenants. On s'imagine une suprématie du foot et cela joue beaucoup dans cette méconnaissance. C'est quand même, avec la voile, le seul sport dont l'équipe porte le nom du sponsor ! Je suis convaincu qu'avec la démocratisation du vélo, les grandes marques vont s'y intéresser. Je vois le vélo comme le golf du XXIe siècle.

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« Beaucoup de chefs d'entreprise se sont mis au vélo »

Ronan Le Moal, ancien directeur général du Crédit Mutuel Arkéa

Que voulez-vous dire par là ?

Beaucoup de chefs d'entreprise se sont mis au vélo car le matériel a évolué, il y a de belles machines, de beaux vêtements et, surtout, le format a évolué. On peut faire des raids avec des pros, faire des "meet-ups" sur Zwift, monter le Ventoux avec des vélos électriques... La crise sanitaire pourrait accélérer le développement des pistes cyclables en ville et du vélo électrique. Le cyclisme est plus accessible, donc plus attirant.

Êtes-vous confiant pour l'avenir économique du cyclisme pro ?

Oui, sur le plan marketing notamment, il est encore très en retard par rapport aux autres grands sports. Le vélo et ses personnalités étaient très peu "marketées" jusqu'ici : il y a désormais quelques figures, comme Peter Sagan, qui donnent à voir le vélo sous un angle différent et font vendre. Beaucoup de nouveautés arrivent, moins tape-à-l'oeil, plus fun, qui augurent d'un potentiel intéressant pour améliorer le marchandisage du vélo. Le modèle économique ne fonctionne pas trop mal : je pense juste qu'il y a encore beaucoup à faire pour qu'il marche encore mieux.

Malgré la situation actuelle ?

Certaines équipes vont souffrir mais pour celles qui passeront l'obstacle, et elles seront nombreuses, les perspectives sont très encourageantes. Il faut croire à l'immense potentiel du cyclisme. Je suis persuadé que le vélo de haut niveau bénéficiera de la démocratisation qui est en route, car l'accès au plus grand nombre crée une économie autour de ce sport, qui ne peut pas exister autrement. »

publié le 18 mai 2020 à 23h39
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