Bernard Thévenet (71 ans) : « Je savais qu'il était mal en point mais sa mort me surprend, (Raymond) Poulidor c'était la santé, il semblait indestructible, Je me souviens encore de ce drôle de sentiment que j'avais éprouvé quand je m'étais retrouvé à ses côtés, dans le peloton, au Grand Prix de Saint-Raphaël, je débutais et Raymond, j'avais du mal à y croire. C'était un mythe, une icône de ma jeunesse. J'avais envie de me pincer ou plutôt de le pincer lui, pour voir s'il était bien réel.
En 1975 quand j'ai gagné le Tour, il m'a avoué, bien des années après, qu'il avait été jaloux, non pas de ma victoire dans le Tour, ça non, mais que je lui vole sa popularité. On était un peu les mêmes, on venait de la terre, on ne faisait pas, comme Hinault parfois, des déclarations tonitruantes. On était un peu de la même trempe, d'ailleurs, le public m'appelait « Narnard », comme lui « Poupou » et Raymond s'était mis à redouter qu'il y ait moins de pancartes à son nom sur le bord des routes.
Ce qui reste, c'est sa longévité, sa constance, il était tenace et ce n'était pas un si mauvais tacticien comme on l'a dit. Mais bizarrement il avait des absences, a un certain moment il sortait (sic) de la course, d'ailleurs quand (Lucien) Aimar s'en va gagner le Tour en 1966, et lui file sous le nez en descente vers Turin, Poulidor ne s'en était pas aperçu, il n'avait rien vu, il était là et pas là. »