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Alex Dowsett, confiné en Andorre : « Difficile de garder une structure dans la journée »

Après avoir porté le maillot de l'équipe Katusha Alpecin durant deux ans, Alex Dowsett évolue chez Israel Start-Up Nation cette saison. (Y. Sunada/Presse Sports)
Après avoir porté le maillot de l'équipe Katusha Alpecin durant deux ans, Alex Dowsett évolue chez Israel Start-Up Nation cette saison. (Y. Sunada/Presse Sports)

Focalisé sur le Giro et les Jeux Olympiques, le champion de Grande-Bretagne du contre-la-montre a vu ses deux objectifs de l'année s'évaporer en raison du coronavirus.

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« Comment allez-vous actuellement ?
Je vais bien. Je prends les choses jour après jour. Jusqu'ici, je m'entraînais normalement, avec l'objectif des Jeux. Après l'annonce du report, nous avons décidé de faire une pause. L'une des choses les plus difficiles est de s'entraîner pour rien, ou de s'entraîner pour un objectif que vous ne connaissez pas. Je veille à garder la forme, mais sans la même intensité. Il y a du temps pour se relaxer mentalement et physiquement, puis revenir à une forme optimale pour la reprise de la course.

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Comment s'organisent vos journées ?
C'est difficile de garder une structure dans la journée. Que l'on se lève à 8 heures ou à 10 heures, ça ne semble pas changer grand-chose. Je roule sur Zwift, où je peux me connecter avec beaucoup de mes amis au Royaume-Uni. Je joue aussi un peu à la PlayStation et je mets Netflix. Nous avons regardé le documentaire sur la Movistar, il est intéressant. Avec ma petite amie, on essaie de s'occuper du mieux possible.

Vous êtes bon sur Gran Turismo ?
Je me débrouille (rires) ! Je suis content de pouvoir jouer ici, j'y passe une ou deux heures par jour. Normalement, je joue une ou deux fois par semaine. C'est divertissant. Mon père était pilote de course ! Mais je suis nettement meilleur sur un vélo qu'au volant d'une voiture.

Comment gérez-vous cette crise sanitaire en étant hémophile ?
Cela ne change rien. Il n'y a pas de risque supplémentaire pour moi. Comme je m'entraîne à l'intérieur, le risque de blessure est plus faible que si je m'entraînais dehors. L'hémophilie est très bien gérée, ce n'est pas un problème, et tant mieux car les médecins ont d'autres choses à faire actuellement.

Prenez-vous des précautions particulières dans ce contexte ?
Seulement les mêmes précautions que d'habitude. Je prends mes médicaments tous les deux jours, cela n'a pas changé.

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Savez-vous s'il y aura des baisses de salaire dans l'équipe du fait de la situation ?
Je ne suis au courant de rien, personne n'a rien dit.

Seriez-vous prêt, personnellement, à réduire votre salaire ?
Oui. Le monde entier se bat en ce moment. Si chacun peut faire des sacrifices pour que le monde souffre moins, je pense qu'on doit le faire. Je ne parle pas seulement pour le cyclisme. Cette pandémie est bien plus importante que le cyclisme. Nous devons faire des concessions.

Quel regard portez-vous sur les conséquences de cette crise pour le milieu du cyclisme ? 
Le monde entier prend un coup avec cette situation. Si vous regardez le calendrier de la Formule 1, le calendrier du football anglais, il y a des difficultés partout. Au sujet du cyclisme, on espère juste que nous puissions être là en 2021 avec l'impact le plus réduit possible. Malheureusement, avec le modèle du cyclisme, si une entreprise commence à être en difficulté, le sponsoring sera l'une des premières choses à le payer et ça pourrait être compliqué pour certaines équipes. On espère juste que chacun fasse en sorte d'atténuer au maximum l'impact de cette crise.

Et concernant les organisateurs ?
Des courses iconiques comme Paris-Roubaix peuvent survivre à une absence d'un an, mais des courses plus petites seront certainement dans une situation différente. Au Royaume-Uni, nous avons du beau temps en octobre et en novembre. Sans aucun doute, en tant que coureurs cyclistes, nous pouvons courir en octobre, en novembre, en décembre. Pour moi, il n'y a pas de raison de ne pas le faire, je serais favorable à ça pour aider les équipes, les organisateurs, pour récupérer une partie des pertes de cette année.

« Vous devez montrer que vous méritez votre place en World Tour et cette opportunité vous est en quelque sorte retirée »

Vous êtes en fin de contrat cette année. Est-ce une source de préoccupation particulière quand on ne peut pas courir ?
Oui, c'en est une. L'année de fin de contrat est toujours nerveuse. Je me sens bien chez Israel Start-Up Nation, il y a un bon environnement. J'ai fini cinquième aux Championnats du monde lors de mon dernier contre-la-montre en compétition donc j'espère que, même si on ne court pas, les derniers résultats seront pris en compte. Ce n'est pas une situation optimale, mais ce n'est pas mieux si vous êtes dans votre deuxième année comme néo-pro. Vous devez montrer que vous méritez votre place en WorldTour et cette opportunité vous est en quelque sorte retirée. L'année de fin de contrat, ce n'est marrant pour personne. Sauf si vous gagnez le Tour de France !

Les Jeux Olympiques resteront un objectif pour vous l'an prochain ?
Oui. Dans ma tête, on transfère juste 2020 en 2021 concernant mes objectifs olympiques. J'espère attaquer l'année prochaine comme je l'ai fait cette année, et qu'il n'y aura pas de pandémie qui bouleversera les plans.

Comment avez-vous vécu la fin de l'UAE Tour, stoppé par le coronavirus ?
Je crois que c'est l'expérience la plus étrange que j'ai vécue. On a frappé à notre porte à 1 heure du matin. D'habitude, quand on frappe à notre porte pendant la nuit, c'est pour un contrôle antidopage, mais plutôt vers 7 heures. Là, on nous annonce que la course est annulée à cause du coronavirus et que l'on va tous être testés. D'un seul coup, on ne pouvait plus quitter l'hôtel, on s'est retrouvés en quarantaine, même si on ne l'était pas vraiment puisqu'on allait manger tous ensemble. On était bloqués à l'intérieur, sans vélo, et c'est un peu effrayant à ce moment parce qu'on voit toute sa saison disparaître.
Les classiques étaient maintenues, les courses italiennes n'avaient pas été annulées, donc on s'est dit qu'on allait perdre deux semaines ici et à cette période de l'année, c'est compliqué. Le coronavirus n'était pas ce qu'il est aujourd'hui, ce n'était pas une pandémie globale. On a passé les tests, ils sont revenus négatifs mais certaines personnes qu'on croisait au dîner l'avaient peut-être... C'était un soulagement quand on nous a dit qu'on allait à l'aéroport pour rentrer. C'est un UAE Tour dont je me souviendrai pour le reste de ma vie, c'est sûr.

À ce jour, quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Je dirais les Championnats du monde, et peut-être les Championnats d'Europe. J'espère que l'on pourra participer à ce genre d'événements d'ici le mois de septembre. J'étais très proche du podium dans le Yorkshire (cinquième à 7 secondes du troisième), comme aux Championnats d'Europe (cinquième à 1 seconde du troisième), donc c'est un objectif. Je sais que si je suis à mon meilleur niveau, je peux rivaliser avec les meilleurs du monde.

publié le 3 avril 2020 à 15h00
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