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Coaching

Bob Tahri : « C'était épique, mais c'était super »

Pendant le confinement, Bob Tahri a proposé un programme de sport quotidien à la maison, agrémenté de quelques conseils de nutrition aux lecteurs et internautes de L'Équipe. (B. Papon/L'Équipe)
Pendant le confinement, Bob Tahri a proposé un programme de sport quotidien à la maison, agrémenté de quelques conseils de nutrition aux lecteurs et internautes de L'Équipe. (B. Papon/L'Équipe)

L'ancien préparateur physique de l'AS Monaco revient sur l'expérience exceptionnelle du #Boblequipechallenge.

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Quarante-quatre séances, 352 exercices, une petite centaine de bouteilles d'eau portées à bout de bras, quelques courbatures aussi, des vidéos matinales attendues par des dizaines de milliers d'internautes, des Facebook Lives suivis par des centaines de milliers... Le #Boblequipechallenge s'achève avec le confinement. Pour Bob Tahri (41 ans), 3e des Mondiaux 2009 et vice-champion d'Europe 2010 sur 3 000 m steeple, préparateur physique et mental des footballeurs de l'AS Monaco jusqu'à l'hiver dernier, c'est l'heure de tracer le bilan.

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« Combien de kilos avez-vous pris pendant ce confinement ?
J'en ai perdu trois ! Je faisais les exercices et les circuits plusieurs fois par jour. Je faisais attention à mon alimentation. Je ne voulais pas me retrouver avec trois kilos en plus. C'est important en tant que préparateur physique d'être exemplaire.

Quel bilan général tirez-vous de ces 44 séances ?
Ç'a été une expérience exceptionnelle de faire vivre ces séances et de voir l'engouement qu'il y avait derrière, entre le nombre de commentaires qui suivaient les entraînements ou dans les retransmissions des Facebook Lives. Dans les derniers, on était à près de 450 000 vues. Reste celui de samedi (aujourd'hui) à 17 heures. J'espère que ça sera une belle fête pour clôturer cette aventure.

« Je voulais garder ce côté "on fait avec ce qu'on a", pour que tout le monde, de 7 à 77 ans, puisse trouver 3 ou 4 mètres carrés et s'astreindre à une petite discipline quotidienne »

Pensiez-vous faire autant de séances quand le challenge a commencé, le 21 mars ?
Jamais je n'aurais pensé que j'allais vivre 44 séances devant ma cheminée. Je m'étais dit : je vais partir sur une vingtaine. Et quand j'ai vu le prolongement du confinement, il a fallu changer l'organisation pour trouver huit exercices par jour, avec du matériel à disposition uniquement à la maison, des bouteilles d'eau, un sac à dos, un manche à balai... Je voulais garder ce côté "on fait avec ce qu'on a", pour que tout le monde, de 7 à 77 ans, puisse trouver 3 ou 4 mètres carrés et s'astreindre à une petite discipline quotidienne qui devait servir d'échappatoire durant cette période.

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C'était important de continuer à faire du sport sans devoir sortir ou acheter un vélo d'appartement ?
Oui. Le but était vraiment de respecter les consignes gouvernementales, c'est-à-dire de ne sortir qu'en cas d'extrême besoin. Même moi, je ne suis pas sorti une seule fois courir. J'étais vraiment motivé à pondre des séances pour tout le monde. On est arrivé à 44, ça fait plus de 320 exercices différents, j'en suis très content.

Où trouviez-vous tous ces exercices ?
J'avais une base solide de 200 exercices grâce à mon passé d'athlète de haut niveau et à mon expérience professionnelle avec des footballeurs. Mais pour les dix dernières séances, j'ai dû apporter des variantes. Ce qui a facilité les choses aussi, c'est la réalisation des vidéos, faite par Aïda, ma compagne (la journaliste Aïda Touihri, ancienne présentatrice de "66 minutes" sur M6 ou de "Grand Public" sur France 2). On a expliqué les consignes de manière très simple, pas trop technique ou scientifique, pour que tout le monde s'y retrouve.

Aïda vous donnait des conseils parfois ?
Elle a tout réalisé. C'était un travail d'équipe, sans oublier les photos de Bernard Papon. On est très fiers d'avoir participé à cette expérience. Lors des tournages, parfois, j'étais obligé de répéter cinq, six fois les prises parce que ma position n'était pas bonne, ou la bouteille d'eau tombait par terre... Aïda était assez directive par rapport aux positionnements, sur la réalisation, le montage... C'est son métier, je n'avais rien à dire. Je la suivais de A à Z. C'était épique, mais c'était super.

Le public a bien réagi aussi...
Les gens se sont pris au jeu. C'est pour ça qu'on a multiplié les Facebook Lives les quinze derniers jours. Il y avait une forte demande de personnes qui voulaient me voir faire les exercices et surtout vivre l'instant avec eux. Des gens se sont remis au sport avec le challenge, c'est ma plus grande fierté. Maintenant, ils sont aptes à commencer une autre activité physique.

« Pour moi, le gainage est l'exercice le plus complet. Je conseille à tout le monde de le faire »

Certains se sont plaints aussi...
À un moment, j'ai eu la sensation que les gens étaient installés dans un certain confort. Et lors de la séance d'entraînement numéro 27, j'ai bousculé leurs codes : j'ai volontairement accentué le nombre de répétitions et j'ai augmenté les difficultés. J'ai eu une levée de fronde : "c'était beaucoup trop dur", "tu nous as surpris"... Je leur ai expliqué que c'était ce que je voulais.

Il y a eu des rappels à l'ordre aussi. Certains ne faisaient pas les circuits dans le bon ordre par exemple...
Ces personnes n'ont peut-être pas l'habitude d'être accompagnées. Répéter les consignes, rappeler à l'ordre, c'est le travail d'un coach. Même à plus haut niveau, les sportifs ne respectent pas forcément les consignes alors que c'est leur métier.

Au milieu de plus de 300 exercices, lequel préférez-vous ?
Le gainage. J'en ai placé à toutes les sauces. Pour moi, c'est l'exercice le plus complet. Je conseille à tout le monde de le faire. Notamment le gainage classique, celui de la première séance. On est sur les coudes et on ne bouge plus. L'objectif est de tenir le plus longtemps possible. Quand j'étais athlète de haut niveau, j'arrivais à rester vingt minutes...

Le confinement se termine lundi. Faut-il ressortir courir tout de suite ?
Déjà, il faut réadapter son corps à l'activité extérieure. Pour les débutants, il faut y aller de manière progressive. Quelqu'un qui n'a jamais couru : qu'il coure deux minutes tout doucement, qu'il marche une minute et qu'il répète ça quatre cinq fois. Deux jours de repos. Puis il va courir trois minutes, et marcher une minute. Le but est d'arriver au bout de quinze jours à courir vingt minutes, sans s'arrêter à un bon petit rythme puis au bout d'un mois à tenir quarante-cinq minutes. Attention à ne pas faire une activité physique trop intense au début : l'organisme va envoyer des signaux négatifs, des courbatures, etc. C'est le meilleur moyen d'être dégoûté d'une pratique sportive. Attention au coeur aussi.

Et vous, lundi, allez-vous ressortir courir ?
Oui, une vingtaine de minutes, pour bouger les jambes. Après, c'est une période charnière pour moi. J'ai envie de continuer ce que j'ai commencé à l'AS Monaco, à savoir m'occuper de préparation physique et de la réathlétisation des joueurs blessés. J'ai envie de partir sur un nouveau challenge et j'espère que je vais en retrouver un rapidement. »

publié le 9 mai 2020 à 08h45
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