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Le sport à l'école dans l'incertitude avant le déconfinement

Les jeux de ballon et les sports collectifs en EPS sont interdits par les consignes ministérielles. (Julien Faure/L'Equipe)
Les jeux de ballon et les sports collectifs en EPS sont interdits par les consignes ministérielles. (Julien Faure/L'Equipe)

Privés de la majorité de leurs sports, interdits pour raisons sanitaires, les professeurs d'éducation physique et sportive préparent la reprise des cours avec de nombreux doutes.

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« Il me restait du judo, du basket et de l'escalade au programme mais pour tous ces sports, c'est fini. » Comme Ivan, enseignant dans un collège de l'Essonne (91), les professeurs d'éducation physique et sportive (EPS) préparent la reprise des cours avec une liste d'activités amputée par les consignes sanitaires du ministère de l'Éducation nationale.

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Exit « les jeux de ballon, les sports de contact et les sports collectifs » pour éviter la transmission du Covid-19 entre élèves, indique le protocole sanitaire du ministère daté du 3 mai. « Si on peut emmener les enfants dans un espace naturel, on envisage des activités en plein air comme des relais sans contacts, ou du renforcement musculaire », explique Ivan. Mais pour reprendre la course, chaque élève devra être séparé de 10 mètres, consigne du ministère, qui recommande des activités individuelles, à basse intensité et en extérieur.

Se débrouiller sans gymnase

Praticable sans ateliers et en éloignant les élèves, la musculation à poids de corps devrait se tailler une part de choix dans le programme post-confinement. « On va essayer d'en faire dans la cour ou dans notre gymnase », confirme Fabien, professeur dans un collège parisien. Les écoles se rabattent aussi sur des activités alternatives pour les demi-groupes d'élèves en grande section, CP et CM2 qui feront leur rentrée la semaine prochaine. « Il y a beaucoup d'interdits, mais on imagine des exercices pour travailler la coordination ou l'équilibre, avec des marquages au sol », explique Bastien, enseignant à Paris. Les collèges devraient reprendre le 18 mai, avec les classes de 6e et 5e, en fonction de l'état de la pandémie dans leur département.

Face aux restrictions, certains professeurs d'EPS pensent faire cours en salle de classe. « Nous allons aussi proposer des activités culturelles autour de l'éducation physique et sportive : des questionnaires, des documentaires sportifs, pour continuer d'apprendre », assure Guillaume, enseignant dans une cité scolaire d'Ariège (09).

Les professeurs d'EPS devront faire, en majorité, sans les infrastructures extérieures comme les gymnases. Reste les espaces naturels. « On est prêts à bouger si on a le feu vert », explique Ivan, qui compte sur un parc près de son collège. Mais classé en zone rouge (départements avec un taux d'infection et un nombre de personnes hospitalisées encore trop élevés), son département ne pourra pas ouvrir ses espaces verts le 11 mai. D'autres établissements ont déjà tranché. « On n'ira pas dans les équipements sportifs, on doit prendre le métro pour y aller et notre principal ne veut pas qu'on y amène les élèves », raconte Fabien.

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Les vestiaires déconseillés

Le ministère a déconseillé l'usage des vestiaires, où la distanciation physique est illusoire. Le protocole déconseille aussi l'emploi de matériel du collège, sauf s'il est désinfecté après chaque utilisation, mais autorise le matériel personnel des élèves.

Le protocole reste imprécis sur le port du masque, obligatoire pour les collégiens et lycéens, en cours d'EPS. « J'ai essayé d'en porter un en courant et je ne me sentais pas du tout à l'aise, je doute que mes élèves le soient », tranche Guillaume. Contacté, le ministère reconnaît que le masque est bien incompatible avec certaines activités, mais qu'il pourrait être porté dans les endroits confinés comme les gymnases.

Pour couper court à ces incertitudes, plusieurs établissements ont pris une décision radicale : l'arrêt des cours d'EPS cette année. « Notre principal l'a décidé après nous avoir consultés : les conditions sanitaires ne sont pas réunies pour une reprise », juge Marc, professeur dans les Hauts-de-France. Une décision que William espère voir imitée dans son collège d'outre-mer : « On fait cours dans la chaleur et l'humidité et il n'y a qu'un seul point d'eau que les élèves touchent chacun leur tour. Reprendre dans ces conditions, c'est manquer de sérieux ».

Alors que la réouverture des écoles est contestée par plusieurs syndicats, Guillaume résume l'enjeu de la reprise pour ses collègues : « On ne veut pas prendre le risque que notre matière devienne un lieu de contamination ».

publié le 7 mai 2020 à 20h30
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