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« L'Insoumis », le livre qui nous en apprend encore sur Muhammad Ali

Muhammad Ali face à Sonny Liston en février 1964.  (AP/SIPA)
Muhammad Ali face à Sonny Liston en février 1964. (AP/SIPA)

« L'Insoumis », de Judith Perrignon, interroge les derniers témoins ayant croisé la route de l'ancien champion du monde des lourds Muhammad Ali. Voici trois raisons de lire ce récit passionnant.

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Des scènes cultes

« L'Insoumis » de Judith Perrignon accroche dès la scène d'ouverture, avec le témoignage de Robert Lipsyte, ancien journaliste du New York Times, envoyé à Miami en 1964 pour couvrir le combat de Muhammad Ali face à la brute Sonny Liston . « Tout le monde pensait que Cassius Clay (il changera son patronyme pour Ali l'année suivante) allait se faire étendre, que ça ne valait pas la peine d'envoyer un vrai reporter. » C'est Lipsyte, « petit stagiaire », qui s'y collera. Devant le vestiaire d'entraînement de Cassius Clay, Lipsyte découvre quatre gringalets, inconnus, d'une vingtaine d'années, les Beatles. Liston avait refusé de prendre une photo avec ces « tapettes ». Ali leur ouvrira les bras.

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Une ode au reportage

Malcom X derrière Muhammad Ali (The LIFE Images Collection)
Malcom X derrière Muhammad Ali (The LIFE Images Collection)

On pensait que tout avait été dit sur « The Greatest ». Mais pour cet ouvrage, né d'un documentaire radio (cinq fois deux heures sur France Culture en 2018, disponible en podcast), Judith Perrignon a su retrouver de précieux personnages et prendre le temps de les écouter. Ainsi elle retranscrit avec émotion la mort de Malcolm X tout en gardant le recul nécessaire pour disséquer la trahison du boxeur envers celui qui était son ami. Révèle aussi le paradoxe Muhammad Ali, qui a fait l'Amérique des années 1960 tout autant qu'il a émergé grâce à elle : « Il avait une époque pour lui, tranchante, porteuse et rêveuse. Différente de la génération désabusée des années 1990 dont est issu Mike Tyson. »

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Des personnages clés

L'auteur a donné pour la première fois la parole à des hommes qui ont croisé la route d'Ali. Ainsi Muhammad Siddeeq, un de ses compagnons au sein de la Nation of Islam. Ou encore Victor Bender, ami d'enfance du boxeur à Louisville, sa ville de naissance dans le Kentucky. « J'ai eu envie de mettre en lumière des gens qu'on n'entend jamais, explique Perrignon. D'écouter ces acteurs de l'histoire, pas juste des spécialistes. J'aime la manière dont ils bafouillent, l'histoire qui décante encore dans leurs têtes. Il était temps, ils sont en train de disparaître peu à peu. Je me disais "quelle chance j'ai ". J'ai commencé comme journaliste politique (à Libération), côtoyé un tas de gens importants, des présidents de la République, des stars de cinéma. Il ne m'en reste pas grand-chose, contrairement à ce que j'ai ressenti devant ces vieux messieurs qui m'ont ouvert leurs maisons, montré leurs photos. »

« L'Insoumis », de Judith Perrignon, Grasset/France Culture, 336 pages, 20,90 €.

publié le 12 décembre 2019 à 11h00 mis à jour le 12 décembre 2019 à 11h29
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