En ces temps troublés, dans ce contexte si particulier qui a mis le sport mondial à l'arrêt, la fin de saison du biathlon français a quelque chose de magique. À Kontiolahti, en Finlande, dans un huis clos imposé par le coronavirus, au soleil couchant, une jeune Française de 23 ans, Julia Simon, a superbement refermé le livre de l'année. Deux heures après le triplé tricolore et la dernière victoire de la carrière de Martin Fourcade sur la poursuite masculine, la Française d'Albertville a décroché la première victoire individuelle de sa carrière en Coupe du monde, grâce notamment à un sans-faute sur le dernier tir debout, qui a fini de la projeter devant pour de bon.
Après ses deux premiers podiums cette saison en Coupe du monde (3e de l'individuel d'Östersund et 3e du sprint d'Oberhof), Simon a réussi samedi une performance éclatante, en partant pourtant de la 11e place à l'issue du sprint de vendredi. Radieuse et très émue, la Française avait du mal à trouver les mots pour raconter sa performance. « Je ne suis pas du tout émotive d'habitude. Mais là... », glissait-elle, gagnée par les larmes.
Eckhoff s'écroule sur le dernier tir
Samedi, Simon fut en tout cas la plus solide de la bande, notamment sur les pas de tir, balayés par un vent changeant, mais où elle réussit tout de même un très costaud 18 sur 20. La Norvégienne Tiril Eckhoff, elle, y a laissé choir un globe de cristal, qu'elle a pourtant tenu dans ses mains. Sortie en tête, après un tir parfait au troisième spot, Eckhoff avait relégué l'Italienne Dorothea Wierer, leader de la Coupe du monde, à la 16e place, lui chipant alors virtuellement la couronne.
Mais Eckhoff faisait trois fautes au dernier tir debout, tandis que Wierer n'en commettait qu'une. Comme un symbole, les deux filles en bagarre pour le général ressortaient de l'anneau de pénalité ensemble, mais très loin de la tête de course. L'Italienne, tenante du titre, n'avait plus alors qu'à prendre la spatule de la Norvégienne. Onzième, dans le sillage d'Eckhoff (10e), Dorothea Wierer remportait ainsi son deuxième gros globe consécutif.