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Une reprise sous cloche pour le basket allemand mais pas sans doutes

Paul Zipser et le Bayern Munich vont accueillir le tournoi de fin de saison de la Bundesliga, mais résideront à l'hôtel comme les autres équipes pour éviter de propager le coronavirus. (J. Borrego/AFP7)
Paul Zipser et le Bayern Munich vont accueillir le tournoi de fin de saison de la Bundesliga, mais résideront à l'hôtel comme les autres équipes pour éviter de propager le coronavirus. (J. Borrego/AFP7)

Avant la Liga ACB en Espagne et la NBA, la Bundesliga est la première ligue de basket à reprendre sa saison, avec un tournoi entre dix équipes placées dans une « bulle sanitaire » à Munich, isolées pendant trois semaines dans un hôtel entre des matches à huis clos et des tests pour éviter les contaminations au coronavirus.

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Après le football, c'est en basket que les Allemands vont (re) tirer les premiers. Arrêtée mi-mars, la Bundesliga (BBL) redémarre samedi prochain grâce à la mise en place d'une « bulle sanitaire », un concept au coeur des espoirs de reprise du sport indoor.

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Au lieu des play-offs habituels, c'est un tournoi à dix équipes qui va conclure la saison du 6 au 28 juin, avec une phase de groupes puis des quarts de finale, demi-finales et une finale en format aller-retour. Les matches auront lieu à l'Audi Dome, la salle du Bayern Munich. « Les équipes ont eu le choix, leur participation n'était pas obligatoire, pour sept d'entre elles, ce n'était pas possible ou pas assez attractif », explique Stefan Holz, le directeur général de la BBL. Les huit premiers du Championnat ont répondu présent, dont le Bayern Munich du Français Mathias Lessort (1er), suivi d'Ulm (10e), qui jouera sans Killian Hayes, et de Francfort (14e).

Les joueurs, le staff et les arbitres rassemblés dans un hôtel

Mais avec une reprise officialisée le 20 mai, après accord des autorités bavaroises, les joueurs ont moins de trois semaines pour se remettre en condition. « Je ne sais pas si on sera à 100 % dès le premier match, mais nous serons plus en forme au fil du tournoi », assure le meneur d'Oldenbourg Tyler Larson, passé par Boulazac en début de saison. Un timing assumé par la Bundesliga pour finir la saison fin juin, date des fins de contrats des joueurs.

Pour convaincre les autorités, la Ligue allemande a élaboré un protocole sanitaire de 48 pages qui détaille la mise sous cloche des équipes, limitées à 22 joueurs et membres du staff, et des arbitres. En tout, 250 personnes passeront les trois semaines du tournoi dans un hôtel munichois. « Les joueurs ne sont pas enfermés, ils peuvent sortir se promener à proximité, mais pas question d'aller prendre une bière ou de faire des achats à Munich », prévient Stefan Holz.

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« Des joueurs n'ont pas vu leur famille depuis plusieurs mois, je suis content que le tournoi ne dure que trois semaines »

Tyler Larson, meneur d'Oldenburg

Chaque joueur passera au moins un test de dépistage du coronavirus chaque semaine. En cas de résultat positif, il sera mis en quarantaine, mais pas son équipe. Reste un risque redouté : de nombreux cas positifs dans une même équipe, « le pire scénario », admet le directeur général de la BBL.

Présentée pour la première fois fin avril, l'idée a suscité les réserves de certains joueurs. « Pourquoi aller dans l'État avec le plus d'infections (la Bavière) ?, s'est interrogé le capitaine de l'Alba Berlin Niels Giffey, pas emballé par l'isolement en hôtel. C'est de la théorie. La réalité c'est ce qu'on a vu avec (Salomon) Kalou et le Hertha Berlin (qui n'avaient pas respecté les consignes de distanciation). »

Mais s'il a salué le « bon concept » développé par la ligue allemande, le joueur de Bayreuth, Bastian Doreth, porte-parole des joueurs de Bundesliga pendant cette crise sanitaire, reste inquiet sur les risques physiques de la reprise. « Je ne sais pas si le temps de préparation après une si longue pause sera suffisant pour jouer autant de matches en si peu de temps, a confié le joueur mardi dans une interview. J'ai parlé à plusieurs professionnels de santé, et il y a certainement un risque accru de blessures. » Stefan Holz assure avoir apaisé les craintes des basketteurs allemands.

Les joueurs seront également privés de leur famille, pas conviée à l'hôtel. « Je vais manquer l'anniversaire de ma fille, regrette le meneur d'Oldenburg Tyler Larson. Des joueurs n'ont pas vu leur famille depuis plusieurs mois, je suis content que le tournoi ne dure que trois semaines et pas six ou sept. »

Une compétition déjà surnommée la « Corona Cup »

Les rencontres à huis clos accueilleront 130 personnes, divisées entre une « zone active » et une « zone passive ». « Les joueurs, le staff et les arbitres seront dans la zone active, tous les autres, des équipes de télévision aux délégués de la ligue, seront en zone passive. On ne veut pas qu'ils soient en contact », précise Stefan Holz. Car les membres de la « zone passive » peuvent rentrer chez eux entre les matches, contrairement aux joueurs. Les arbitres seront par exemple séparés de la table de marque par une vitre en plexiglas quand ils viendront consulter les ralentis vidéo.

Pour la BBL, le jeu en vaut la chandelle. Première ligue européenne à reprendre, avant la Liga ACB en Espagne le 17 juin, elle espère booster ses audiences. « Le monde entier nous regardera », prophétisait même le directeur général de Francfort, Gunnar Wöbke, fin avril.

Mais sur le parquet, quelle valeur aura ce tournoi post-coronavirus ? « Le vainqueur sera le champion 2020 sans astérisque ou point d'interrogation. Plus le tournoi avancera, moins on se posera la question », assure Stefan Holz. Les joueurs ne sont pas tous convaincus : la compétition est même surnommée la « Corona Cup » dans plusieurs groupes WhatsApp. « Je ne sais pas si je considérerais le vainqueur comme le champion 2020 ou non. C'est différent d'une saison complète avec des play-offs, des joueurs ont été remplacés. Mais si on gagne, on va traiter cette victoire comme un titre de champion », résume en riant Tyler Larson.

publié le 31 mai 2020 à 13h00
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