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NBA : Rudy Gobert fait un don de 100 000 euros au Secours populaire

Rudy Gobert lors du dernier All-Star Game, à Chicago. (L. Hahn/L'Équipe)
Rudy Gobert lors du dernier All-Star Game, à Chicago. (L. Hahn/L'Équipe)

Le pivot français du Utah Jazz Rudy Gobert, engagé depuis cinq ans auprès du Secours populaire, a fait un don de 100 000 euros pour soutenir l'action de l'association française.

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En attendant une hypothétique reprise de la NBA à Disney World, en Floride, Rudy Gobert n'a pas l'air de s'ennuyer. Séance de yoga dans la piscine de sa demeure de Salt Lake City, entraînement quotidien pour entretenir sa condition physique dans le contexte particulier de la pandémie de Covid-19, qui a conduit à l'interruption de la saison NBA le 13 mars dernier.

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Puis le pivot français du Utah Jazz (2,16 m, 27 ans) file aux fourneaux pour une leçon de cuisine en vidéo pour ses followers sur Instagram, avant une session de jeu vidéo - tournoi de F1 avec Tony Parker et Charles Leclerc, Call of Duty Warzone avec ses compères de l'équipe de France Evan Fournier, Frank Ntilikina et Vincent Poirier... - en live sur le réseau Twitch, qu'il a découvert pendant le confinement.

« On survit comme on peut », sourit l'ancien Choletais, joint au téléphone dans la nuit de mercredi à jeudi. Gobert en profite aussi pour se consacrer à sa fondation, Rudy's Kids. Dans ce cadre, le pivot concrétise ces jours-ci un don de 100 000 euros au Secours populaire français. Une association avec laquelle il est lié, notamment l'antenne de Saint-Quentin (Aisne), où il a grandi, depuis cinq ans.

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« On oublie les personnes modestes qui se retrouvent encore plus en difficulté, notamment les enfants sous le seuil de pauvreté. Une cause qui m'a toujours tenu à coeur »

Rudy Gobert

« C'est une période où l'on parle beaucoup du virus et des gens physiquement touchés, souligne-t-il. On oublie les personnes modestes qui se retrouvent encore plus en difficulté, notamment les enfants sous le seuil de pauvreté. Une cause qui m'a toujours tenu à coeur. Une moitié de l'argent dont nous faisons don ira dans les îles touchées par des cyclones et tremblements de terre (Dominique, Guadeloupe dont son père est originaire, Haïti...), l'autre servira à des opérations en France. »

Il y a quelques semaines, Rudy Gobert s'était distingué par une autre donation : 500 000 dollars pour contribuer à la recherche contre le coronavirus. Un geste substantiel. Et une manière de faire amende honorable, aussi, après un malencontreux incident. Premier sportif diagnostiqué positif au Covid-19 aux États-Unis, le 12 mars dernier, le cas du Français a précipité, bien involontairement, la décision de suspendre la saison NBA.

Fustigé, souvent injustement, parfois même par ses pairs - une brouille avec son coéquipier Donovan Mitchell, également positif au Covid, a obscurci le paysage pendant quelque temps -, pour s'être livré à une mauvaise plaisanterie, touchant les micros des journalistes lors d'une conférence de presse à un moment où personne n'avait encore pris la mesure du danger, le Français a longtemps été pointé du doigt aux USA comme le « patient zéro ». Avant que d'autres cas - des joueurs qui n'étaient pas entrés en contact avec lui ou le Jazz - soient révélés, notamment à Brooklyn où chez les LA Lakers.

« Une période difficile psychologiquement »

« Ç'a été une période difficile, glisse-t-il. D'abord psychologiquement, bien sûr. Par rapport au virus. Il y avait la peur de l'inconnu. Chaque jour, on découvrait de nouveaux symptômes, plus ou moins dangereux. On voyait des gens mourir. Tu ne savais pas ce qui pouvait t'arriver sur le long terme. J'ai perdu le goût et l'odorat un temps. Après, quand en plus une partie du public te perçoit comme une mauvaise personne alors que toute ta vie tu as essayé de toucher les gens positivement, c'est dur... J'ai eu la chance d'avoir des personnes autour de moi qui savent qui je suis et m'ont aidé à traverser ça. » Aujourd'hui, Gobert est guéri et tous les tests d'usage après la maladie ont confirmé la rémission.

Certains se risqueront peut-être à un raccourci malvenu. Rudy Gobert essaie-t-il, par ses dons, de se racheter après l'incident du 12 mars et de soigner son image ? « Il y en a toujours qui jugent, mais font-ils quelque chose pour les autres ?, s'agace l'intéressé. Je pense que les personnes qu'on aide n'en ont rien à faire que j'aie touché ou pas des micros. Ils veulent à manger dans leur assiette. Que ce soit avant ou après le coronavirus, j'ai toujours voulu impacter la vie des gens. »

« Inspirer des enfants qui parfois n'ont aucun modèle, leur transmettre que ce n'est pas parce que tu nais avec rien que tu n'auras rien toute ta vie, c'est énorme pour moi. »

Rudy Gobert

Les raisons profondes de son engagement pour la petite enfance sont à chercher plus loin. Elles remontent à une période de sa jeunesse où lui-même et sa famille se sont retrouvés en difficulté, un peu avant ses dix ans. Sa mère Corinne l'élève seule, avec sa soeur Vanessa et son frère Romain. Pendant une période, elle se retrouve au RMI, à vivre de petits boulots. La cellule doit faire appel à des banques alimentaires pour surmonter les fins de mois difficiles. Un Noël, le jeune Rudy doit aller chercher son cadeau aux Restos du Coeur.

« C'étaient des petits soldats. J'aurais préféré une playstation, mais c'était déjà quelque chose, se remémore-t-il aujourd'hui. Mais attention. Je ne me compare pas avec ceux qui sont vraiment dans la détresse. J'ai toujours eu à manger sur la table, de l'amour. Je n'ai manqué de rien, je ne me plains pas. Mon père (l'ancien international Rudy Bourgarel) parti quand j'avais deux ans, ma mère s'est sacrifiée pour nous. Alors, voir que je peux inspirer des enfants qui parfois n'ont aucun modèle, leur transmettre que ce n'est pas parce que tu nais avec rien que tu n'auras rien toute ta vie, c'est énorme pour moi.  »

Dans cette optique, Gobert participe chaque année à des opérations de terrain dans l'Hexagone. Il finance l'opération des Pères Noël verts du Secours populaire dédiés aux enfants de Saint-Quentin. Plusieurs fois par an - une dizaine cette saison -, le double meilleur défenseur de l'année en NBA organise aussi des « Blocked Shots Events ».

Lors de matches à l'extérieur, il cherche des associations locales venant en aide aux enfants défavorisés, en invite une quinzaine au match, et fait don de mille dollars pour chaque contre qu'il réalise pendant la rencontre.

publié le 23 mai 2020 à 11h52
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