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Le beau-père d'Ophélie Claude-Boxberger, Alain Flaccus, a eu « une pulsion »

Alain Flaccus confirme sa version : c'est lui, dit-il, qui a dopé Ophélie Claude-Boxberger à son insu. (J-L. Gillme/MaxPPP)
Alain Flaccus confirme sa version : c'est lui, dit-il, qui a dopé Ophélie Claude-Boxberger à son insu. (J-L. Gillme/MaxPPP)

Dans un entretien à « l'Est Républicain », Alain Flaccus, le beau-père d'Ophélie Claude-Boxberger, réaffirme sa version des faits : il a dopé l'athlète à son insu à l'EPO lors d'un stage à Font-Romeu.

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Deux mois après avoir fait des aveux aux gendarmes, auxquels il a affirmé avoir injecté de l'EPO à Ophélie Claude-Boxberger à son insu, Alain Flaccus (72 ans) rompt le silence. Dans un long entretien à l'Est Républicain, le beau-père de la coureuse de steeple, suspendue à titre conservatoire à la suite de son contrôle positif, confirme la version des faits livrée lors de sa garde à vue : c'est bien lui qui aurait inoculé de l'EPO à l'athlète à l'occasion d'un massage lors d'un stage à Font-Romeu.

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« Oui, je l'assume et l'assumerai », assure-t-il avant de longuement raconter les faits présumés : « Je ne l'explique pas. J'ai eu une pulsion. J'ai mis du temps, j'ai cogité. Avec le recul, je ne sais pas si c'était voulu, pas voulu. Je ne savais plus trop où j'en étais. Ce jour-là, Ophélie avait chuté à l'entraînement et m'a demandé avant de manger ou avant de se doucher si je pouvais la masser un peu plus tard. Je ne la massais pas tous les jours, uniquement quand elle me le demandait. Peut-être deux fois par semaine. Sinon, elle allait chez le kiné qui faisait mieux son métier que moi... Je me suis dit que si je devais faire quelque chose, c'était à ce moment-là. Pendant qu'elle n'était pas dans la pièce, j'ai décapsulé les deux seringues et les ai planquées sous le canapé sur lequel je dormais habituellement.

« Ce n'est que le lendemain que j'ai mesuré la bêtise que j'avais faite »

Avec un appareil, je l'ai massée dans le bas du dos. Elle dormait à moitié parce qu'elle prend des somnifères, des anxiolytiques. J'ai continué avec la paume de la main, en appuyant. Comme j'avais préparé mes seringues, j'ai pris la première, pincé la peau avec la main gauche et injecté l'EPO en sous-cutané avec la main droite. C'est allé très vite, je ne sais même pas si j'ai tout injecté. Elle a eu un sursaut, pensant que je l'avais griffée. J'ai jeté la seringue dans le caisson sous le canapé pour qu'elle ne la voie pas et j'ai continué à la masser comme si de rien n'était pendant deux ou trois minutes. Je n'ai jamais injecté la deuxième dose, je l'ai mise au fond de la poubelle quand Ophélie est allée se coucher dans sa chambre. Ce n'est que le lendemain que j'ai mesuré la bêtise que j'avais faite. Je me dis ''pourvu qu'il n'y ait rien du tout''. J'espérais ne pas avoir injecté assez de produit... Jamais je n'aurais pensé faire ça. Je n'ai rien prémédité. C'est une connerie. »

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Un accès de jalousie

Alain Flaccus nie les accusations d'attouchements sexuels envers Boxberger par le passé. Des faits dont l'athlète, contactée par le quotidien lorrain, maintient qu'ils ont eu lieu sans toutefois faire l'objet d'une plainte. « La seule fois où j'ai rencontré un gendarme, pendant un quart d'heure à Hérimoncourt il y a une douzaine d'années, il m'a dit que l'histoire était classée sans suite, se défend Flaccus. Il n'y a eu que des écrits, pas d'attouchements ni de viol, juste un mail dans lequel je lui expliquais mes sentiments. »

« Ç'aurait été un médecin de 35 ans, j'aurais été heureux pour elle... »

Des sentiments qui, selon lui, expliqueraient son geste, lui qui voyait d'un mauvais oeil la relation récemment nouée par l'athlète et le médecin de l'équipe de France, Jean-Michel Serra, d'une vingtaine d'années son aîné. « Cette relation m'énervait, avoue-t-il. Il y avait un peu de la jalousie mais je voulais qu'elle se projette dans l'avenir. Ça aurait été un médecin de 35 ans, j'aurais été heureux pour elle... [...]Je me doutais bien qu'elle serait contrôlée à nouveau en rentrant de Font-Romeu. Peut-être qu'on ferait le rapprochement avec Serra. C'est complètement con, c'est absurde, stupide. Je n'ai pas mesuré les conséquences pour elle, la perte de partenaires, la perte de confiance de beaucoup de gens, la saleté des réseaux sociaux. Je n'ai rien mesuré. Je suis anéanti pour Ophélie parce qu'elle ne mérite pas ça. »

Il voudrait demander pardon

Flaccus assure n'avoir plus vu l'athlète depuis leur confrontation fin novembre. Une garde à vue tendue où il a eu l'impression que les gendarmes cherchaient « n trafiquant ou un dealer » et ont découvert « n passionné de sport et de verres à bière ». S'il la revoyait, il « lui demanderai (t) pardon », estimant que l'athlète ne mérite pas quatre ans de suspension, la peine qu'elle encourt sportivement. « Si elle ne voulait pas de ce pardon, je ne lui en voudrais pas, estime-t-il. J'ai conscience du mal que je lui ai fait, c'est comme si je lui avais coupé une jambe. »

Resté, de son propre aveu, cloîtré chez lui durant quinze jours quand son nom est sorti dans la presse, débordé par l'ampleur de l'affaire, Flaccus réfute tout geste sacrificiel pour protéger l'athlète. Il assure par ailleurs n'avoir pas encore été mis en examen. « J'espère qu'on tiendra compte de mon âge, de ma maladie. J'ai 72 ans depuis une semaine, je n'attends plus rien des humains, la justice fera son travail. Je ne suis pas un criminel, ni un trafiquant, je n'ai enlevé personne. Je préfère ne pas penser à ce que je peux encourir... »

publié le 17 janvier 2020 à 01h01
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